Cette fois, nous n'allons pas SUR un volcan, mais DANS un volcan. C'est le Volcan de Lemptégy, situé au cœur du site naturel de la Chaîne des Puys.
Il était une fois, il y a 30 000 ans, deux volcans créés par deux éruptions successives. Ces petits volcans se trouvaient aux premières loges des éruptions de leurs voisins, le Puy de Côme et le Puy Chopine, et furent recouverts au fil des années de fines cendres, puis de scories, de laves, créant ainsi un seul et même édifice : le volcan de Lemptégy.
Endormi depuis des millénaires, ce dernier est réveillé, après la seconde guerre mondiale, par les hommes, à la fois pour l'exploitation des scories volcaniques (la pouzzolane) dans le souci de reconstruire des villes défigurées par le conflit, mais également pour mettre à jour des trésors géologiques.
Mais pourquoi exploiter la pouzzolane ?
Qu'est-ce que c'est ?
La pouzzolane est une roche naturelle qui est formée des projections basaltiques volcaniques. Elle révèle une couleur allant du noir au rouge en passant par le gris et dispose d’une structure alvéolaire.
C'est un matériau léger, poreux, abrasif, drainant, réfractaire et isolant. Elle est connue depuis la nuit des temps puisqu'elle était déjà utilisée dans l'Antiquité, surtout par les Romains, en matériau de construction en la ménageant à de la chaux.
Qu'est-ce qu'on en fait ?
Celle de Lemptégy a d'abord servi à fabriquer des parpaings, pour reconstruire les villes normandes, puis elle a permis de "sabler" les routes enneigées, d'améliorer la qualité des sols agricoles, de fabriquer des conduits de cheminée résistants à la fois à la chaleur et au gel, de dépolluer les eaux usées ... en fait, ça sert un peu à tout : les pierres de votre barbecue ? pouzzolane ! la litière du chat ? pouzzolane ! les pistes des hippodromes ? pouzzolane ! au jardin, un paillis efficace et esthétique, rouge ou noir ? pouzzolane ! comme filtre d’eau potable ? pouzzolane encore ...
C'est pourquoi, entre 1945 et 2006, 7 millions de tonnes de matériaux ont été prélevés à Lemptégy. La zone d'extraction atteint 80 mètres de profondeur sous l'ancien sommet du volcan.
Si, au départ, les carriers extrayaient les scories à la pioche, depuis 1950 sont arrivées pelleteuses et bulldozers. Et nous avons aussi suivi le parcours des scories avant qu'elles ne deviennent la fameuse "pouzzolane", en empruntant le chemin des ouvriers chargés de leur fonctionnement.
Les scories sont d'abord déversées dans une sorte d'entonnoir géant, la trémie, puis elles passent dans un scalpeur, où des grilles vibrantes trient les éléments en trois : les plus gros, les moyens et les petits ...
Les éléments les plus gros sont ensuite réduits en petits morceaux par un concasseur.
Les éléments moyens passent dans un tamis tournant, le trommel, et les petits dans un tamis vibrant, le crible.
Et les matériaux, triés par taille, sont entraînés par des tapis roulants pour former des tas de différentes grosseurs.
Mais quel labyrinthe, tous ces escaliers et tapis qui s'entrecroisent ...
Mais revenons-en au début : dans le ventre du volcan.
Grâce à l'exploitation industrielle, nous pouvons voir la succession des couches qui ont recouvert le premier volcan, Lemptégy 1 : des cendres fines (on les voit en lignes horizontales), puis les projections du Puy des Gouttes, puis il a été enseveli par Lemptégy 2, tout cela en quelques siècles.
14 000 ans plus tard, ce sont les scories du Puy de Côme, et enfin il y a 9 600 ans, les roches blanches de Chopine. C'est donc un volcan tout en couleur que nous avons sous les yeux en nous promenant dans le petit train électrique.
Plus les scories sont rouges, plus elles se trouvaient près de la cheminée. Les scories noires sont celles qui en étaient le plus éloignées et qui se sont refroidies le plus vite.
Mais comment marche une éruption ?
On parle de lave lorsque le magma sort de terre et se débarrasse de la majorité des gaz qu'il contient. Elle peut s'écouler, ou, si elle est plus pâteuse, s'accumuler. Ou exploser en bombes volcaniques.
Ici, à Lemptégy, la lave s'est écoulée en parcourant près d'un kilomètre et demi. Mais elle s'est aussi solidifiée dans la cheminée. Ce qui donne une roche plus dure, le basalte. On trouve ainsi les deux cheminées, de Lemptégy 1 et Lemptégy 2. Elles ont été contournées par l'exploitation industrielle à cause de leur dureté.
Mais ce qu'on trouve beaucoup à Lemptégy, ce sont des Bombes volcaniques. Elles sont projetées hors de la cheminée par la pression des gaz. Il y en a de plusieurs formes :
Le "chou-fleur" est tout boursouflé. Pendant qu'il remontait à la surface, il a croisé une rivière souterraine. Brutalement refroidi, il a donné naissance à une bombe toute craquelée.
D'autres s'appellent "bouse de vache". Plus liquide, elle s'est écrasée tout simplement après avoir été projetée.
Le "Fuseau" a suivi une longue trajectoire. Cela lui a laissé le temps de s'arrondir et de s'étirer.
Enfin il y a la "Boule". Elle se forme en plusieurs étapes : projetée verticalement, elle s'arrondit d'abord en tournant dans les airs. Puis elle retombe au bord du cratère, roule, et des scories, des cendres, et de la lave se collent sur elle. Une nouvelle fois projetée, elle retombe ... et à chaque fois elle grossit. A la fin, elle peut atteindre 60 000 kilos ! Il y en a beaucoup ici, de toutes les tailles.
Saurez-vous reconnaître celles dont le nom n'est écrit ?
Le sommet d'une des deux cheminées du Puy de Lemptégy. Il est surmonté de 2 bombes de 60 tonnes.
A l'arrêt du petit train, nous avons même pu remplir nos poches avec des morceaux (petits !) de ... ce qu'on veut.
Et en supplément à la visite : un FILM 4D INTERACTIF "AUX ORIGINES" : spectaculaire et magnifique ! dont voici une image :
Et ce qui nous a ... bien secoués et bien fait rire : c'est le train Volcan'Express, en 4D dynamique, dont voici un court extrait. Mais il n'y a pas l'ambiance ...
J'ai trouvé sur internet cet avis d'un client Tripadvisor que je partage absolument :
Si Vulcania est clairement un parc d'attraction misant sur l'aspect ludique grand public, Lemptégy est, en comparaison, nettement plus didactique.