Partie ce matin des Hautes-Pyrénées, je coupe la France par sa diagonale Sud-ouest >> Est (Léman).
Entre Tarn et Aveyron, entre Albi et Rodez, au cœur du Ségala, je fais un premier arrêt. Aussi léger qu'une aile, le Viaduc du Viaur est posé sur les flancs de la vallée du Viaur
C'est une remarquable réalisation métallique de l'ingénieur Paul Bodin, achevée en 1902. On est émerveillé par l'harmonie de la technique et de la nature. Des poutres d'acier, des arches, un million de rivets… Cette dentelle aérienne datant du 19ème siècle élève à 116m de haut sur 460m de long, un arc central de 220 m d'envergure.
Le Viaduc du Viaur a fait l'objet d'un concours d'architecture en 1887, ouvert à des ingénieurs : 8 projets furent présentés, dont un émanant d'un certain... Gustave Eiffel. C'est finalement le projet présenté par Paul Bodin, ingénieur à la société des Batignolles et professeur à l'Ecole centrale, qui fut retenu.
L'arc central est formé de deux ossatures symétriques qui s'arc-boutent, au milieu du pont, par une clé articulée. C'est le seul pont de ce type en France. Cette technique permet la libre déformation de l'arc central, sous l'influence des charges supportées lors des passages de trains, des variations de températures et du vent.
Et je reprends l'autoroute, vers Rodez. Puis je bifurque à l'annonce, à 10 km, de ce petit village, Rodelle.
En arrivant par la falaise qui le surplombe, voilà le paysage :
Alors c'est décidé : je visite ce village, et même je passe la nuit sur son parking visiteurs, plat et agréable. Voici
Rodelle, anciennement Ruthenula (« Petit Rodez »), est adossé à un énorme rocher de travertin à trois sommets, successivement occupé par les Gaulois, les Romains et les Wisigoths. Un sarcophage d'époque barbare est encore visible en haut du rocher.
Ce roc inexpugnable fut dès le VIIIème siècle le siège d'une importante viguerie carolingienne et devint ensuite une place forte appartenant au Comte de Rodez. Le château, confisqué par Louis XI, sera détruit en 1611. Les pierres, dont on peut apercevoir çà et là dans les façades quelques magnifiques exemplaires, serviront à la construction des maisons.
Je vous en ai sélectionné quelques unes :
Dans cet éperon qui supporte Rodelle, nombreuses sont les grottes. L’une d’elle aurait servi de refuge à Sainte Tarcisse qui, selon la légende, fut nourrie par une chèvre.
En fait, cette fille de la noblesse mérovingienne du VI° siècle promise à un barbare Germain ne se voyait pas, mais pas du tout, renoncer à sa religion chrétienne.
Elle s’enfuit donc du palais paternel et se réfugia dans une grotte près de Rodelle afin de consacrer sa vie à la prière.
Sans doute implora-t-elle Dieu d’alléger les horreurs commises par les barbares Wisigoths qui éprouvaient alors fortement le Rouergue ...
Et le lendemain matin, j'arrive à Bozouls, par des petites routes, directement dans le canyon ... ou presque ! On l'appelle "le Trou de Bozouls". Et quel trou !
Creusé par la rivière du Dourdou, il fait 400 m de diamètre, 100 m de profondeur...
Voyez plutôt avec cette vidéo de 59 secondes, prise d'un hélicoptère :
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Le Canyon de Bozouls vu depuis un hélicoptère
De belles images aériennes du Canyon - "Trou de Bozouls" prises par Occitanie Hélicoptère.
Comme vous venez de le voir, L'habitat s'est développé au bord des parois vertigineuses et occupe également le long promontoire ou se dresse l'église romane Sainte Fauste.
Mais moi je suis restée au fond du trou, car je suis arrivée par le vieux pont, le seul qui franchit le Dourdou (l'autre est une passerelle piétonne) dans cette échancrure naturelle. De part et d'autre du goulet d'étranglement, deux tours subsistent qui faisaient probablement partie d'un ensemble surveillant le passage et l'accès à la côte de l'Hospitalet, qui donne accès au cœur de la ville.
Pour ceux qui aiment à situer sur une carte, vous trouverez celle de la Diagonale dans la catégorie "Cartes", avec les sites évoqués numérotés dans l'ordre. Nous venons de passer le point 3
Je suis repassée par Bozouls en juillet 2021, mais cette fois-ci, je suis allée directement sur le promontoire au milieu de la boucle :
La vue sur les bords du canyon est différente. Et au beau milieu, trône l'église Sainte Fauste.
Elle est du 12ème siècle, d'un roman très pur, en grès rouge. Très simple mais joli chœur et déambulatoire.
Décidément ma diagonale est un peu de travers : je ne m'arrête pas à Espalion, mais je fais un petit crochet.
Par la "coulée de lave de Roquelaure", d'abord.
Improprement nommée, car il s'agit en fait d'un éboulis de rochers basaltiques qui s'étend sur les pentes de la colline de Roquelaure, elle domine le village de Saint- Côme-d'Olt et la Vallée du Lot.
Cet éboulis a pour origine le démantèlement par l'érosion d'une coulée de lave situé sur la crête de la colline, perchée en inversion de relief. Vous remarquerez la forme régulière des rochers (5 ou 6 faces), ceci est dû au fait que ces blocs sont des tronçons de prismes basaltiques.
Ensuite je gagne Saint Côme d'Olt, un des plus beaux villages de France.
Situé au pied de l’Aubrac, dans la fertile vallée du Lot, Saint-Côme-d’Olt est un village dont la physionomie quasi circulaire, a gardé son caractère médiéval. Son tour de ville s'est façonné autour des anciens remparts devenus les façades extérieures des maisons. Trois portes d'entrée fortifiées permettent d’accéder à son centre, au travers de ruelles et de venelles très typées.
Il abrite en son centre les deux monuments primordiaux du site : son église au clocher tors et son château, ancien manoir des sires de Calmont construit au XIe siècle.
L'église seigneuriale primitive existait encore au XIVe siècle. Elle sera agrandie au début du XVIe siècle. Outre ses caractéristiques de style gothique flamboyant, cette église est surmontée d'un clocher flammé, qui s'élève à 42 m au-dessus du sol, en prenant appui sur une bâtisse carrée qui devient octogonale pour supporter une charpente à huit faces, élancée et torse.
Classé "Monument historique", le portail de l'église se compose de "deux baies en arc très surbaissé et encadré dans une arcade principale". Quinze panneaux composent chacun des deux vantaux, dont neuf médaillons historiés, les six autres étant constitués de "draperies" dites "en plis de serviette", ornements typiques du style gothique.
En passant le pont que franchissaient les pèlerins fourbus venus d'Aubrac et se dirigeant vers Compostelle, c'est avec regret que je quitte cette jolie ville, qui compte beaucoup d'autres trésors dans ses environs immédiats.
Ce sera pour un autre voyage ...