Me voilà repartie sur ma route favorite : la Diagonale ... qui prend cette fois-ci des allures médiévales avec la réouverture des grandes cathédrales.
En reprenant l'itinéraire précédent, je ferai quelques arrêts supplémentaires. D'abord :
Albi.
Première chose, me garer pas trop loin de la cathédrale. En cherchant un parking pour camping-cars (fermé :-( pour travaux) je me suis trouvée en face de ces anciens moulins à eau. Il s’agit d’une ancienne usine de pâtes alimentaires qui était installée sur le site d’un moulin à farine du 12ème siècle. On les nomme les Moulins Albigeois, et ils sont inscrits comme monument historique.
J'ai quand même réussi à me garer, et j'ai suivi un joli parcours pour arriver à la Cité Episcopale.
Reconnue dans le monde entier depuis son classement au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2010, la cité épiscopale d’Albi est unique en son genre par ses dimensions et ses fameuses briques rouges.
La cathédrale et le palais de la Berbie comptent parmi les plus grandes constructions de brique cuite au monde. Fabriquées sur place, ces briques étaient faites avec la terre du lit du Tarn.
En fait, ces briques donnent à cette cité d’Albi une identité propre mais surtout une esthétique incroyable avec une palette de couleurs qui varient du rouge au rose et du rose à l’orangé selon la lumière et l’ensoleillement.
Le Palais de la Berbie (berbie signifie évêque en occitan) est donc l’ancien palais des évêques d’Albi. Son architecture militaire mais pourtant si esthétique montre la puissance des évêques de l’époque. C’est dans ce magnifique Palais de la Berbie que se trouve le musée Toulouse-Lautrec. Et c’est par la cour d’honneur du Palais que l’on accède aujourd’hui à l’entrée du musée. Mais je n'avais pas le temps de le visiter. Peut-être au retour ... ?
Mais j'en ai quand même traversé les jardins. Classé jardin remarquable, c’est un endroit qui a un charme fou !
Et puis j'ai continué vers la Cathédrale Sainte Cécile. C'est la plus grande cathédrale de brique du monde (113 m de long et 35 m de large). Deux siècles auront été nécessaires pour son édification, de 1282 à 1480.
L'escalier d'accès à l'édifice côté sud est pour les fidèles. Le bas est doté d'une porte fortifiée dite porte de Dominique de Florence, plus décorative que réellement défensive. Elle est constituée d'une entrée en pierre avec un tympan ajouré. Cet ouvrage s'appuie sur le mur de la cathédrale et sur une tour ronde en brique. Cette dernière abrita le trésor des chanoines au 18ème siècle.
Un monumental mais élégant baldaquin de pierre, au-dessus de l'entrée, tranche sur la brique omniprésente.
Sainte-Cécile possède le plus grand ensemble français de fresques de la Renaissance. Avec environ 18 500 m2, elle est aussi la seule cathédrale d'Europe aux murs et voûtes entièrement peints.
Dès l'entrée, on est confronté, au fond de l'église, avec le Jugement Dernier. La vaste surface du mur occidental aveugle est utilisée pour le représenter. Avec ses 270 m2, c'est la plus grande fresque médiévale de la France méridionale.
L'ensemble est remarquable par sa surface, sa qualité et sa disposition en miroir où, à la Création du monde, répond le Jugement dernier. On y distingue trois registres : le ciel, la terre et l'enfer, où gesticulent des impies. Le jugement dernier d'Albi est le premier à mettre en scène les sept péchés capitaux, chaque supplice correspondant à un vice. La violence des châtiments devait suffire à mettre en garde les chrétiens du moyen âge, responsables devant Dieu de leurs actes, et à les ramener sur le droit chemin. Seule la paresse a disparu... car l'œuvre fut mutilée au 18ème siècle : au centre de la paroi, on ouvrit l'accès à une chapelle située sous le clocher. L'endroit servit de chœur jusqu'en 1885. Cette disposition permit de sauvegarder le jubé, quand beaucoup furent détruits pour mieux associer les fidèles à la célébration eucharistique.
Les fresques de la voûte offrent aussi une riche polychromie. Leurs dimensions exceptionnelles (97 m de long sur 28 m de large) en font l'ensemble peint de la Renaissance italienne le plus vaste et le plus ancien de France. Un bleu profond - le « bleu de France » aussi appelé « bleu de roi » - surplombe le chœur.
Au-dessus de cette fresque, l'Orgue Moucherel, à l'origine construit au 18ème siècle par le facteur Christophe Moucherel est souvent considéré comme l'un des plus beaux de France, et même d'Europe, et tout particulièrement pour son buffet.
Il est classé monument historique au patrimoine mondial, de l'UNESCO
Sa dernière restauration, achevée en 1981, sera une réussite et l’orgue sonne aujourd’hui comme il pouvait sonner à la fin du 18ème siècle. La mécanique, reconstituée avec les mêmes matériaux qu’au 18ème, fonctionne comme pouvait fonctionner celle de Christophe Moucherel en 1736. Aucun système « moderne » n’existe dans cet orgue. Seul un ventilateur électrique (à la place des souffleurs) et un éclairage électrique à la console sont les signes du temps présent.
Le jubé est une clôture de pierre qui isole le chapitre de chanoines du reste des fidèles lors des offices. Celui d'Albi, de style gothique flamboyant présente une façade de 18 m de longueur et de 8,20 m de haut. Sa présence, dans le remarquable état de conservation où il se trouve, est d'autant plus précieuse que la plupart des jubés ont été détruits ; il n'en reste qu'une dizaine en France.
Le voilà côté nef :
L'autre face du jubé est le fond du Grand Chœur, de style flamboyant (1545).
C'est le "saint des saints" de la cathédrale où les chanoines chantaient l'office sept fois par jour et célébraient la messe quotidienne. Le pourtour de cette clôture est orné sur deux rangées de 120 stalles surmontées de leurs dais délicatement sculptés, et de 72 statues d'anges aux figures symboliques
Ici, à l'intérieur du chœur, les statues évoquent le Nouveau Testament : 15 statues figurant l'Église (12 apôtres, la Vierge Marie, saint Jean-Baptiste et saint Paul, puis enfin Charlemagne et Constantin dominant les portes)
Le baldaquin de l'évêque et les portes clôturant le chœur, comme celles qui clôturent le déambulatoire (autour du chœur), sont de véritables dentelles de pierre.
Dans les niches des 35 piliers qui séparent le chœur du déambulatoire, sont placées des statues en pierre polychromée des Prophètes de l'Ancien Testament. En voici quelques unes, parmi les mieux éclairées :
La cathédrale d'Albi est l'une des rares églises et l'unique cathédrale française placée sous l'invocation de Cécile de Rome. Les cathédrales successives de la ville, depuis le 7ème siècle, ont été dédiées à Cécile de Rome, dont on pense que la ville en possédait des reliques.
Elle aurait vécu à Rome, aux premiers temps du christianisme. Sa légende en fait une vierge qui, mariée de force, participa à la conversion de son mari et l'amena à respecter son vœu de virginité. A l'époque, les chrétiens n'étaient pas recherchés, mais s'ils étaient dénoncés on les forçait à renier leur foi et à adorer les dieux des Romains. Un jour, elle est arrêtée et le juge la condamne à être décapitée. Sainte Cécile se met à chanter en attendant le coup de hache du bourreau, mais ce dernier, après trois tentatives infructueuses, la laisse agoniser durant trois jours (la loi romaine interdisait le quatrième coup).
Sainte Cécile est la patronne des musiciens et des musiciennes ainsi que des brodeurs. Et voici sa statue où l'on remarque la trace de son martyre.
Après cette longue visite, un petit tour dans les vieilles rues qui entourent la cathédrale, et retour par le remarquable marché couvert, créé en 1901 sur le modèle des Halles de Paris. Sa halle triangulaire fut conçue par André Michelin.
Et je quitte Albi, sans avoir tout vu, bien sûr, mais c'est sur ma route et je sais où me garer, maintenant ...
Demain, nouvelle étape médiévale, à ... Rodez !