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6 juin 2017 2 06 /06 /juin /2017 09:21

L’Alt Emporda (Haut-Ampurdan) est située à l'extrémité nord-est de la Catalogne, à l'endroit où commence à se dessiner la Costa Brava.
Elle est marquée par la proximité entre la mer et les Pyrénées,

Au-dessus de la petite ville de Port de la Selva, juste au nord du Cap de Creus, une petite route grimpe ver le Monastère de Sant Pere de Rodes.

Vers le bas, quel paysage !!

La perle de l'Alt Emporda

Mais le haut n'est pas en reste ! Il suffit de lever la tête pour découvrir un ensemble monumental d'exception, dont le monument principal est le Monastère Sant Pere, à partir duquel prospérèrent le château de Verdera et le village de Santa Creu.

 

La perle de l'Alt Emporda

La fondation de cet ensemble remonte au 9ème siècle, dans le cadre de l'expansion de l'ordre monastique bénédictin dans les comtés catalans, mise en œuvre par la monarchie française. Ce qui nous permet de découvrir en un seul site les espaces représentatifs des 3 classes sociales sur lesquelles se fondait la société médiévale :

-  les oratores, qui priaient

-  les bellatores, qui guerroyaient

-  les laboratores, qui travaillaient

C'est la troisième fois que je viens sur ce site. La première fois, j'ai visité le monastère, la seconde fois le château, et cette fois-ci, je me suis attardée au village. Vous pouvez retrouver mes photos de la visite du monastère en cliquant sur le lien ci-dessous :

Santa Creu était une cité prospère. Sa structure urbaine était celle d'une ville close, c'est à dire une ville où les façades arrières des maisons font fonction de murailles, et on ne peut y accéder que par des portails fortifiés.

Le centre névralgique est la place de l'église (10ème siècle) autour de laquelle se trouvent les maisons, séparées par des rues qui y débouchent.

En raison des nombreux pèlerins, Santa Creu fut un lieu prospère, accueillant des foires et des marchés, avec des aubergistes, des tailleurs, des boulangers, des forgerons ou des notaires qui offraient leurs services à quiconque arrivait au monastère.

La perle de l'Alt Emporda

Santa Creu de Rodes vécut son plus grand moment de prospérité aux 13ème et 14ème siècles, quand certaines maisons furent agrandies et quand des quartiers furent construits extra-muros. Le 15ème siècle fut le début d'une période de décadence et d'abandon progressif du village.

L'église devint alors l'ermitage de Santa Helena qui continua le culte jusqu'à la fin du 19ème siècle.

La perle de l'Alt Emporda

Le Château de Sant Salvador de Verdera est juché au point le plus élevé de la Serra de Rodes, à 670 m. La vue imprenable sur le territoire et sa difficulté d'accès lui fournirent une grande valeur stratégique et militaire à l'époque médiévale.

Construit au 9ème siècle, le château joua un rôle majeur dans plusieurs guerres. Entre les 14ème et 15ème siècles, l'évolution des techniques de combat et l'apparition de l'artillerie lui fit perdre sa fonction militaire, et dès le 16ème, il ne fut plus qu'un poste de guet contre la piraterie.

La perle de l'Alt Emporda

 

On ignore l'origine du monastère de Sant Pere de Rodes, ce qui donna lieu dans le passé aux spéculations et aux légendes comme celle de sa fondation par des moines qui y seraient venus avec les restes de Saint Pierre et d'autres saints qu'ils voulaient protéger de la profanation par les hordes barbares qui arrivaient sur Rome. Le danger des envahisseurs passé, le pape Boniface IV aurait alors ordonné de construire l'église.

La première documentation officielle de l'existence du bâtiment date cependant de l'année 878. Il est mentionné une cellule monastique simple consacrée à saint Pierre. Il faut attendre l'année 945 pour que le lieu soit considéré comme un monastère bénédictin indépendant. Il atteint son apogée entre les XIe et XIIe siècles.

Le monastère eut une extraordinaire vitalité jusqu’à la fin du XIVe siècle, de nombreux jubilés y sont célébrés. Puis il tomba en décadence, avec le relâchement de la vie communautaire, le manque de dons en faveur du monastère ... auxquels on doit ajouter les effets de la peste noire (1345), qui tua vingt-quatre moines. La peur de la piraterie fit fortifier le site.

À partir du XVIIe siècle, il est pillé et en 1793, il est abandonné par la communauté bénédictine, qui part d'abord à Vila-Sacra puis à Figueras en 1809, jusqu'à sa dissolution.

En 1930, il est déclaré monument national et, en 1935, le gouvernement de la Catalogne commence les premières restaurations.

La perle de l'Alt Emporda

Le cloître du XIIe siècle est la partie centrale du couvent autour de laquelle se répartissent les autres édifices. Il fut construit par-dessus un premier cloître plus ancien, dégagé lors de fouilles récentes. Il ne reste presque aucun élément d'origine du cloître moderne, la quasi totalité de ses colonnettes et chapiteaux ayant été dispersés et vendus, provoquant l'effondrement de certaines galeries.

L'église, consacrée en 1022, de style roman, est sans comparaison avec les canons de son temps. Les trois parties de la nef sont délimitées par une double colonnade avec chapiteaux d'influence corinthienne. Les colonnes adossées aux piliers proviennent d'une construction précédente. Le grand vaisseau central est splendide, avec un déambulatoire dans l'abside, qui semble être continué par les deux collatéraux. Il y a une crypte sous l'abside. L'église, qui synthétise avec originalité une série de courants architecturaux, comme le carolingien, le préroman et les constructions romanes, est considérée comme l'une des principales représentantes de l'architecture romane en Catalogne.

 

La perle de l'Alt Emporda

Le clocher carré du XIIe siècle est d'une influence lombarde du siècle précédent.

À son côté, une tour de défense, ou tour de l'hommage, a probablement été commencée au Xe siècle avant de passer par un long processus de construction et de modifications au fil des siècles. Ses murs ainsi que celui qui la relie au clocher contiennent de nombreuses assises de pierres rangées en arrête-de-poisson.

La perle de l'Alt Emporda

Il existe un autre trésor relatif à ce monastère : une Bible, écrite et illustrée entre 1010 et 1025. Elle est actuellement conservée à la Bibliothèque Nationale de France, à Paris.

Si vous voulez voir quelques unes de ses magnifiques illustrations, cliquez sur la ligne blanche de ce lien :

Et si, avant le coucher du soleil, on faisait un saut de géant vers le sud-est, jusqu'au Cap de Creus ?

Le Cap de Creus a été déclaré Parc Naturel en 1998 et se caractérise par deux zones protégées, l’une marine et l'autre terrestre. Le Cap est reconnaissable grâce au phare érigé en 1853.

La région abrite de nombreux dolmens et autres découvertes archéologiques datant de la préhistoire, et l’histoire des villages environnants remonte à l’époque des Grecs et des Romains.

Le paysage du Cap est irrégulier, la péninsule principale s’incruste dans la Méditerranée formant de petits promontoires et îlots couverts d'une dense végétation d'arbustes. À l’extrême est se dresse le célèbre phare, entouré de buissons de thym et de romarin.

La perle de l'Alt Emporda

Bonne nuit, et à bientôt ...

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  • : scandinadream.over-blog.com
  • : passer du rêve à la réalité. J'ai commencé par 5 mois de voyage en solitaire, en Trafic aménagé, au hasard des routes d'Europe du Nord (pour mon premier voyage) puis d'Europe Centrale, et maintenant sur des itinéraires peu fréquentés d'Espagne.
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