Et maintenant, cap au sud-est !
Vers l'ours russe.
La nature est belle et sauvage, dans cette partie de la Finlande, et particulièrement dans le Parc National d'Oulanka (en Sami : Rivière Tumultueuse).
Il est traversé du Nord au Sud par le célèbre "Circuit de l'Ours" : c'est un sentier de 80 km, à faire en 5 ou 6 étapes.
Un rêve pour tout randonneur ... et pour moi. Mais un peu trop dur pour Charly (quoique, en 6 jours ... ?) Mais de toute façon je n'ai pas l'équipement.
Alors j'ai remplacé cette balade mythique par des boucles d'une journée, greffées comme des verrues sur les plus belles parties du parcours.
1er jour : 12 km, le moulin
2ème jour : 11 km, le canyon
3ème jour : 9 km, les rapides
4ème jour : ... il pleut ! C'est pour ça que je suis devant l'ordi, à Kuusamo. Sinon, il y avait encore une belle boucle de 8 km.
Pour les photos, j'ai adopté un autre classement, histoire de changer un peu ...
Ce qui m'a frappée, tout d'abord, dans ce circuit, ce sont les marches.
Des aménagements extraordinaires, qui permettent de faire le circuit en toute saison : neige, sécheresse ou inondation, on peut passer partout.
Très présente, la rivière s'impose aussi tout de suite au randonneur. C'est l'Oulankajoki.
Ses aspects sont multiples et elle en change sans arrêt. Et quand on est pêcheur, on lui trouve encore d'autres qualités : les truites, bien sûr !
L'avez-vous remarqué ? Dans ce pays, l'eau des rivières n'est pas claire. Elle est noirâtre, comme rouillée.
Très vite, je suis arrivée au moulin de Myllykoski.
On peut y dormir, mais il a gardé tout ce qui en fait un moulin !
Un site fantastique, que rendent bien mal mes quelques photos.
Juste après le moulin, une fine passerelle. Mais ce n'est pas la seule. Il y en a tout au long du circuit qui passe d'une île à l'autre, ou d'une rive à l'autre.
Charly s'y lance courageusement, mais au bout de quelques pas, quand le roulis commence, il me regarde, malheureux. Alors je lui mets la laisse et il est rassuré. Mais c'est quand même bien doucement qu'il aborde le tangage du milieu !
La forêt, tout comme la rivière, est multiple.
Les gens croyaient qu'une terrible créature, appelée "Hiisi", vivait dans la forêt et dominait les plus grands animaux : élans, ours et loups.
Selon la légende, Hiisi était responsable de beaucoup de choses inexpliquées :
- il transportait d'énormes rochers au milieu de la forêt
- il faisait des trous profonds dans les rochers
- il empilait les rochers en énormes tas
C'est comme ça qu'il marquait les frontières de son territoire.
Mais la légende est sans doute vraie, car je l'ai trouvé, Hiisi. Pétrifié, il est vrai, et innofensif.
Regardez son nez pointu et ses bois sur la tête ! Il est vu sur son profil gauche.
La forêt est aussi le domaine des rennes, qui y trouvent leur pâturage.
Et quand vient l'automne, on les rassemble pour les trier.
Des parcs comme celui-ci, en bois, il n'y en a plus beaucoup (on leur préfère des structures métalliques mobiles), mais il est toujours en usage.
Les jeunes rennes sont marqués à l'oreille, d'autres sont envoyés à l'abattage, d'autres sont gardés pour la reproduction ...
Remarquez les barrières : on ne lésine pas sur le bois, ici !
Encore un épisode, dans la forêt.
Charly m'a fait une peur affreuse.
Je mesurais, avec mon bâton, un arbre tombé qui me paraissait géant (20 m),
quand un renne, tranquillement, est passé à côté de moi, puis à 2 mètres de Charly pour continuer son chemin dans la forêt.
Charly l'a regardé, comme surpris. D'habitude, il a peur des chiens, des moutons et autres animaux. Même les poules.
Et puis le renne s'est mis au trot. Charly l'a suivi doucettement. Je l'ai rappelé mais ...
Le renne s'est mis à courir, alors l'instinct de chasseur de ses lointains ancêtres s'est réveillé brusquement, et il s'est mis à sa poursuite. Je pouvais toujours crier ... !
Mais un renne n'est pas un chevreuil. Dans la forêt, il ne court pas vite, et Charly ne perdait pas sa trace. Alors qu'ils avaient totalement disparu à mes yeux.
J'ai toujours un sifflet sur mon sac à dos, que Charly connaît.
Mais j'avais beau siffler, appeler, siffler, crier, toujours rien.
Les minutes m'ont paru longues ... Je craignais qu'il ne sache plus revenir ... Tout le cinéma qu'on se fait dans ces cas-là !
Enfin, il est revenu. 5 minutes ? 10 minutes ? Je ne sais pas, mais ça m'a paru très long.
Punition ? Attaché en laisse pour les 2 derniers kilomètres !
Dommage qu'on ne puisse pas descendre au fond du canyon. Mais la végétation, alliée aux pentes abruptes, nous en empêchent. Nous ne le verrons donc que de haut.
Des cabanes sont disséminées au long du parcours. On peut y dormir à une dizaine, sur des bas-flancs. Il faut emporter son tapis de sol !
Dans la plupart, il y a un poële à bois, une réserve de bois à l'abri, des scies et haches pour le couper.
Quelques ustensiles et un gaz pour la cuisine, mais mieux vaut emporter ses couverts et une casserole.
Il y a aussi des "places de feu". Car on n'a pas le droit de faire du feu n'importe où. Ces endroits sont dégagés, au bord de l'eau. Il y a toujours un seau, et de quoi faire des grillades. C'est très sympa.
Les rapides déferlants et la roche de dolomite rouge flamboyant ont été une cause d'admiration depuis des centaines d'années. A l'évidence depuis l'âge de pierre, étant donné les restes de places de feu trouvés sur l'aire des Kintaköngäs. On les appelle les "Red Rocks".
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Après ces eaux tumultueuses, les lacs, nombreux, ont un effet apaisant.
C'est dans les lacs que l'on peut pêcher son déjeuner sans permis. Ce qui réduit le poids de la nourriture à emporter mais ... peut être aléatoire !
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Et le voilà enfin, celui qui a donné son nom au circuit.
Je ne l'ai pas rencontré dans la forêt, non.
Il est naturalisé dans la maison du Parc National Oulanka.
Et ainsi, les jours ont passé ...
Je suis partie depuis 3 mois !