Il n'a pas duré ! (le soleil, pour ceux qui ne suivent pas)
Aujourd'hui, c'est encore pluie et brouillard !
Quand on est dans un des plus beaux paysages du monde, pas la peine de rouler à l'aveuglette. Il vaut mieux attendre que la visibilité revienne ... et donc ce sera : musée, magasins, aquarium ... et écriture. Pas d'internet, car c'est samedi et les bibliothèques sont fermées.
Je vais donc vous parler du fantôme ... Non !
D'abord, l'Express-côtier. Hurtigruten, on l'appelle ici, ce qui veut dire : "la ligne rapide".
Il faut savoir qu'avant 1893, le nord de la Norvège était coupé du reste du pays pendant le long hiver arctique.
Pas de courrier (même administratif), pas de marchandises, pas de voyageurs. Isolement total.
C'est un armateur de la petite île de Hadseloya et un pilote côtier qui ont les premiers tenté l'aventure d'ouvrir une ligne maritime côtière régulière, toute l'année. Car si les côtes ne sont pas prises par les glaces grâce à notre cher Gulf Stream, les tempêtes hivernales sont redoutables, au Cap Nord ! Et pour le pilote, l'obscurité y est ... obscure !
L'Express-côtier, depuis cette époque, est devenu un moyen de communication privilégié entre petites et grandes cités de la côte. C'est une institution nationale ! C'est même la route nationale n°1 du Pays. Il transporte toujours : courrier, marchandises, passagers... et touristes, de Bergen à Kirkenes (à la frontière russe -petit coup d'oeil à la carte) et retour.
Il fait ce trajet de 2537 km en 11 jours, avec des escales dans 34 ports.
Bien sûr, on peut embarquer ou débarquer dans n'importe quel port, avec ou sans voiture. Et les escales sont assez longues pour visiter les villes. Et des services de bus permettent aux touristes de faire des excursions plus loin dans les terres ...
... et les plus beaux paysages de Norvège défilent à une vitesse de 15 nœuds sous vos yeux éblouis ... (ça vous donne des idées ?)
Il y a actuellement 11 bateaux qui font la navette, en transportant quelques 3000 passagers. Et rappelez-vous, je vous ai déjà mis quelques photos ...
En voici quelques anciens, dont j'ai photographié les maquettes au Hurtigrutenmuseet.
Et comparez le poste de commandement d'hier, et celui d'aujourd'hui !
Mais ce musée a quelque chose de spécial.
En montant au 2ème étage, on ouvre une certaine porte ... et on se retrouve sur une passerelle qui permet de passer (au niveau des salons) sur un ancien navire de la ligne : le SM Finmarken, en service dans les années 50, et actuellement en cale sèche tout à côté du musée.
Pour le protéger des intempéries, tout le pont a été couvert d'un toit de tôles grises. Mais le mobilier est resté tel quel. Il y a même des chaises longues sur le pont, des couvertures sur les lits, des fleurs (en plastique) dans les salons ...
- Et le fantôme ?
J'y viens. C'était hier, sur Hadseloya. Il faisait beau.
Je suis donc montée sur le Fynmarken. Il n'y avait personne au 2ème étage, et personne au contrôle des billets.
Personne sur le bateau. Mes pas semblaient résonner jusque dans la cale.
Dans les couloirs, dans les salons où les fauteuils semblaient se faire la conversation autour des tables, le froid me fit frissonner après le soleil du dehors.
Les tapis soudain, semblaient vouloir étouffer mes pas pour ne pas déranger les causeurs.
Les miroirs me renvoyaient mon image comme incongrue, dans ce décor. Je n'osai même pas tousser ...
L'atmosphère était surréaliste. J'avais l'impression de parcourir le Titanic vidé de ses passagers et reposant au fond de l'eau. J'étais le fantôme du Titanic.
Sur le pont, le toit de tôle empêchant de voir le ciel bleu renforçait cette impression de fond d'océan, avec les cris des mouettes, que l'on entend mais que l'on ne voit pas.
J'ai visité les cabines, les cuisines, le poste de commandement et la cabine du Capitaine, je suis descendue aux 2ème classes, peut-être 3ème ...
Mais je ne suis pas descendue dans la salle des machines ni dans les cales. J'aurais eu trop peur d'y rencontrer un autre fantôme. Celui de Léonardo Di Caprio ... qui s'appelait comment, déjà dans le film ?
Non, non, je ne me prends pas pour Rose ...