Jeudi 15 Octobre 2015, 8ème jour.
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Deux jours de relâche, ce n'est pas forcément deux jours de repos !
Nous commençons par la lessive. Nous en avons bien besoin.
Il y a aussi les courses. Car ici, nous ne sommes pas en demi-pension, et nous devons prévoir tous nos repas, sans restes incommodes à transporter. Mais rester encore 2 nuits (ça fera 3 en tout) au même endroit, ça fait du bien ... tout comme dormir dans des draps ! ou faire la sieste ailleurs que sur un caillou !
Mais on ne peut pas rester sans marcher. Aussi, ce premier jour, ce sera la visite de la vieille ville de Corte et du belvédère de la Citadelle.
La Citadelle de Corte est la seule des 6 citadelles corses à être construite à l'intérieur des terres. Elle est au centre de l'île, et a été construite en 2 temps :
- en 1419, le vice-roi de Corse, vassal du roi d'Aragon qui mène la résistance contre la république de Gènes (à qui "appartient" alors la Corse), fait construire le château au sommet du rocher qui domine la ville.
- en 1769, après la défaite de Ponte Novu, la Corse passe sous domination française. Le comte de Vaux, qui occupe Corte, entreprend la construction de la citadelle, de type Vauban, pour renforcer le système de défense de la ville.
Ensuite, pendant la seconde guerre mondiale, sous l'occupation italienne, des patriotes corses y furent incarcérés. La citadelle, poursuivant sa vocation militaire, a été occupée dès 1962 par la Légion Etrangère, retour d'Algérie. Puis l'édifice est revenu à la ville de Corte, en 1983.
Aujourd'hui, depuis 1997, dans la caserne Serrurier, elle abrite le Musée Régional d'Anthropologie de la Corse, témoignage de l'attachement des insulaires à leur patrimoine.
A Corte, la place principale, c'est la Place Paoli. Qui c'est, celui-là ?
Peu aimé en France, Pascal Paoli, héros corse du 18ème siècle, est considéré comme l'opposant à la cause française. Chef d'un Etat Corse qui a existé de 1755 à 1769, il est regardé comme un grand homme ailleurs dans le monde, surtout en Angleterre et aux Etats-Unis.
En effet, en novembre 1755, Pascal Paoli a proclamé la Corse nation souveraine et indépendante de la République de Gênes. Il a créé la constitution corse, qui a été la première Constitution écrite selon les principes des Lumières, y compris la mise en œuvre du droit de vote des femmes, plus tard révoquée par les Français quand ils ont pris l'île en 1769. La république a créé une administration, un système de justice, a fondé une armée, et frappé sa propre monnaie en 1761, avec l'impression de la tête de maure, le symbole traditionnel de la Corse.
En 1755, pour des raisons stratégiques, Pascal Paoli établit son gouvernement à Corte. En 1765 la petite cité accueille l'Université et devient le symbole de la Corse unifiée et indépendante. Charles Bonaparte, père de Napoléon 1er, y étudie le droit, s'engage aux côtés de Paoli, puis se marie avec Letizia. Napoléon, leur second fils, fut conçu à Corte.
La chute de la Nation Corse en 1769 mettra fin définitivement au statut de capitale de Corte. Son Université est fermée. Elle ne rouvrira ses portes qu'en 1981, sous l'impulsion d'une vaste mobilisation populaire.
La photo du jour : évacuation des eaux usées, système périmé !
Vendredi 16 0ctobre 2015, 9ème jour.
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Hier, nous avons aussi fait le nécessaire pour louer une voiture, et très tôt nous quittons Corte pour la journée vers le sud-ouest. Direction : Gorges de la Restonica, Bergerie de Grotelle et son parking, 18 km. Puis à pied, 600 m de dénivelé jusqu'au Lac de Capitello, l'une des 7 merveilles de la Corse. Cette vallée a été classée Grand Site National en 1966.
Il y a du soleil, mais le vent est glacé. On aperçoit la neige sur les sommets à partir de 1500 m.
En descendant de voiture, au parking à 1340 m, on gèle sur place ! On n'avait pas prévu ça.
Plus on monte, plus il y a de la neige. Pas épais, juste un saupoudrage, mais elle est verglacée sur les pierres, les flaques d'eau sont gelées. On glisse sur cet itinéraire qui n'est pas toujours un sentier, mais une errance de marque en marque et de roc en roc. Et on pense à ce que sera la redescente, sur ce verglas.
Nous avons renoncé peu avant les échelles, vers 1600 m. Moins de 100m avant le premier lac. Sans gants et sans vêtements chauds, nous étions gelés.
Tant pis. C'est seulement sur internet que nous voyons, comme vous, ces joyaux de la montagne, les Lacs de Melo et de Capitello :
Mais le chemin parcouru était tout de même très beau !
A midi nous sommes de retour à Corte.
Pour l'après-midi, nous irons donc au nord de Corte. Car là, pas de risque de neige, l'altitude est moins élevée. C'est bien pratique, une voiture.
Ce seront donc, dans les Gorges du Golo, la Scala di Santa Regina.
C'est le nom donné au chemin, longtemps unique voie de circulation entre le Niolu et la plaine. Son nom évoque de magnifiques lacets en pierres dessinés dans la roche granitique. Il vient des escaliers (scala) qui semblent taillés dans le roc. Ce monument architectural témoigne du savoir-faire des hommes (technique de la pierre sèche) et des pratiques ancestrales (la transhumance).
Son tracé part de la Funtana di i Vignenti (St Vincent ?) et longe le cours du Golo sur sa rive gauche dans un remarquable défilé creusé dans de la roche de granite rouge, jusqu'au village de Corscia, à 4 km. Mais nous y arrivons trop tard pour aller jusqu'au bout, et nous ferons un peu plus de la moitié du chemin, en aller-retour.
Ce sentier est l'autre extrémité du Sentier de la Transhumance, dont je vous ai parlé ici :
Le défilé de la Scala di Santa Regina est un très long ravin désolé, hostile, sauvage. Un étrange corridor de roches de granite rouge, de rocaille et de caillasse. La rare végétation et représentée essentiellement par des genévriers cades qui poussent sur les parois rocheuses, on se demande comment car il n'y a pas de terre.
Ces 3 heures de balade nous donnent une furieuse envie d'y revenir, une autre année, pour faire en entier ce Sentier de la Transhumance ! (il dure normalement une semaine).
En attendant, pour profiter à fond de notre appart'hôtel, ce sera une crêpes'party, avec Michel aux fourneaux. Et puis la belote jusqu'à ... point d'heure !