L'hiver n'est pas une saison propice pour voyager : les journées sont courtes, le froid est là, quand ce n'est pas la pluie ...
Alors je vous propose de refaire avec moi une traversée de la Franche-Comté que j'ai faite cet été et dont je ne vous ai pas encore délivré les photos. Allez, on repart dans le Jura ?
Vous y avez déjà vu des cascades, des gorges, des salines.
Balades avec Mamie. 1 : dans le Jura (français) - scandinadream.over-blog.com
Cet été sera sous le signe de la famille : j'ai aménagé mon Jolly Jumper avec 3 couchettes, pour pouvoir y héberger mes deux derniers petits enfants (mes "petits Suisses") : Tristan et Aïda, ...
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On va voir maintenant une spécificité du Jura : les Reculées.
Je suis allée me promener (mais sans mes petits compagnons, car c'était mon voyage de retour) dans deux d'entre elles : la Reculée des Planches, et celle de Baume-les-Messieurs. Mais d'abord, c'est quoi une Reculée ? Et comment ça se forme ? J'ai trouvé un panneau informatif particulièrement bien représenté, et je l'ai photographié pour vous. En cliquant dessus, vous pouvez l'agrandir. Le voici :
Et sur le terrain, ça donne ceci, pour la Reculée des Planches. C'est la plus haute du Jura, et ses falaises en cul-de-sac dominent la vallée de près de 245 m de haut.
La vallée est surplombée par le charmant village de La Châtelaine, avec ses maisons vigneronnes et son château en ruines, prétexte à une belle promenade en forêt. C'est un château des comtes de Bourgogne dont il est fait mention dès 1053. Super bien situé pour surveiller la plaine !
Au fond de la Reculée, un autre joli village : Les Planches-près-Arbois. Un village qui s'enorgueillit d'avoir accueilli deux personnages importants de la scène nationale : Louis Pasteur, qui passait toutes ses vacances dans sa maison de famille au bord de la Cuisance, et Jules Grévy, président de la République de 1879 à 1887, qui passait ses congés au "Château Gaillard", aussi au bord de la Cuisance, et y décèda en 1891.
La Cuisance, c'est la rivière qui prend sa source au fond de la reculée, et qui s'épanouit en une belle cascade de Tuf.
L'eau, traverse le plateau jurassien sur de longues distances. Elle y dissout la roche, se chargeant donc de calcaire. Lorsqu'elle réapparaît à l'air libre, le calcaire dissous précipite et s'agglomère sur la végétation : plantes, algues, mousses, piégeant celles-ci en les enrobant de calcaire, formant ainsi une nouvelle roche, le Tuf. Puis ces végétaux privés d'air meurent, laissant dans la roche des vides plus ou moins grands, comme de petites grottes. Ce qui donne ces formations originales aux cascades de tufs.
Avant d'aller voir l'autre Reculée, arrêtons-nous d'abord au superbe village de Château-Chalon, solidement ancré sur son escarpement rocheux. Ici est le mystérieux royaume du Vin Jaune, l'or du Jura.
Les moniales de Château-Chalon seraient à l'origine de ce fameux vin jaune qui a fait la renommée du terroir de la commune. Elles auraient importé la technique du voile et le cépage savagnin. Une fois fermenté, le vin est mis dans des fûts de chêne ; en s'évaporant, il se couvre d'un voile de levure qui empêche son oxydation et lui donne son goût particulier. Après six ans et 3 mois, le vin est mis en bouteille, mais pas n'importe laquelle ! Le clavelin ne contient que 62 cl de vin jaune, soit le résultat de l'évaporation de un litre de jus de raisin. Ainsi protégé, le vin pourra continuer sa maturation pendant cent ans ...
En passant à Arlay, j'aperçois les ruines d'un château sur une colline plantée de vignes. Et pas de route ni de chemin pour y monter. C'est la forteresse médiévale des Princes d'Orange. L'accès est gratuit par le Parc du Château d'Arlay, reconstruit au 19ème à la place d'un couvent de Minimes.
Ces frères moines cultivaient la vigne, et possédaient une fameuse cave, qui a été conservée et que l'on peut aussi visiter. On y remarque un alambic "à double chapeau" qui a été transféré ici pour le sauver de la démolition. Il était au village, et a fonctionné jusqu'en 1960, mais maintenant, la distillation privée est interdite ...
Lons-le Saunier
Capitale du Jura et ville thermale, c'est aussi la ville de naissance de Rouget-de-Lisle (la Marseillaise) et de "La Vache Qui Rit".
Il y avait, bien sûr, des salines qui ont donné le nom à la ville, mais elles sont fermées depuis 1966. Il reste tout de même le Puits Salé où coule la source Lédonia, salée, déjà utilisée par les romains et à l'origine du développement de la ville.
J'ai beaucoup admiré la Rue du Commerce, avec ses 146 arcades sur rue et sous couvert, bien fleurie. Seul dommage : le stationnement des voitures des 2 côtés de la rue en gâche le pittoresque.
Et j'arrive au Cirque de Baume-les-Messieurs***, magnifique reculée où se rencontrent trois vallées. Une illustre abbaye niche là, au bord de la Seille depuis le 9ème siècle, qui avait donné au village le premier nom de Baume-les-Moines.
Mais pourquoi "les Messieurs" maintenant ? Parce que peu à peu, la vie monastique se relâchant, au 16ème siècle les humbles moines du début sont progressivement remplacés par de nobles chanoines. Cette sécularisation de fait est confirmée par une bulle papale en 1759. Ces "hauts messieurs" se hâtent alors de corriger le nom de leur maison, qui devient Baume-les-Messieurs.
Au bout de la vallée la plus longue, on peut admirer une autre cascade de tuf, merveille en temps ordinaire, mais cette année, presque à sec. Comparez avec ce panneau explicatif présent sur le site. Et c'est dans la falaise au-dessus que s'ouvre une grotte dans laquelle vivent, dans un petit lac, des niphargus, petites crevettes blanches et aveugles.
Plusieurs belvédères*** permettent d'admirer ce paysage naturel hors du commun.
Une autre spécificité du Jura, ce sont les sapins.
Certains sont classés, pour leur âge, leur prestance, disons même leur majesté. J'ai suivi la "route des sapins", 55 km en passant d'une forêt à l'autre, ne rencontrant qu'un seul village.
Mais on m'attend au bord du Lac du Bourget. Aussi, quittant le Haut-Jura, je file un peu vite vers le sud de la Franche-Comté, c'est à dire le Bugey, traversant le département de l'Ain (on ne peut pas se tromper, c'est écrit sur presque toutes les routes).
Je me dirige vers le Rhône. Pour cela, il faut passer la porte (la cluse), gardée par le Fort de l'Ecluse. Car le défilé de l'Ecluse est surveillé par une imposante fortification. A l'époque romaine, c'était une simple tour. Puis il devint une maison forte, remplacée par un fort au 13ème siècle, pour surveiller la route de Nantua à Genève. Il joua au cours des siècles un véritable rôle de frontière, verrouillant le défilé, gardant la route de Lyon. Sa position stratégique au-dessus du Rhône lui valut d'être âprement disputé par les Allemands en 1944.
"Toujours l'ennemi s'use / devant le Fort l'Ecluse", peut-on lire au-dessus de l'ancienne porte.
Je fais tout de même un détour par le Plateau du Retord ....
..... où j'ai rencontré (au zoom) cet adepte du body-building ...
En redescendant du plateau, la route me conduit ensuite au barrage de Génissiat où je décide de faire à pied le circuit de découverte.
Pour les caractéristiques, je vous laisse lire quelques panneaux informatifs ...
Et, dernière excursion en Franche-Comté, je monte au Col du Grand Colombier***.
Culminant à 1531 m, le Grand Colombier est le sommet le plus élevé du Bugey. De là-haut, on peut apercevoir le défilé de l'Ecluse, et les 3 lacs : le Léman, le Bourget, Annecy. Mais la brume tombe avec le soir, et je ne vois bien que celui du Bourget, où la famille m'attend.
Et en bas, c'est la Savoie, et le Lac du Bourget.
Allez, en prime pour ceux qui ont lu jusqu'au bout, je rajoute ces cascades savoyardes, rencontrées au cours d'une balade dont j'ai oublié le nom ...