Après les splendeurs de Moissac, j'ai voulu aller visiter un des plus beaux villages de France, à une vingtaine de kilomètres.
Je n'y suis pas allée par le Chemin de St Jacques, ni par la voie verte qui suit le Canal Latéral à la Garonne, mais tout bonnement par la route !
Toutefois, pas la route directe : je suis passée par Valence d'Agen, qui avait, elle aussi, trois beaux trésors à me montrer : des lavoirs. Mais pas n'importe lesquels !
Je commence par le plus modeste, qui est aussi le plus récent : le Lavoir du Pé de Gleyze.
Celui-ci n'est pas inscrit aux monuments historiques, sans doute parce qu'il est d'une conception plus traditionnelle ...
Son emplacement n'en fait pas moins un site très agréable.
Le Lavoir Saint Bernard
En 1807, on décida de combler les mares du Plaça (actuelle Place J-B Chaumeil) qui étaient trop boueuses. En compensation on construisit le lavoir St Bernard, qui permit d'abreuver le bétail et les chevaux des gendarmes impériaux.
La toiture semi-circulaire fut rajoutée à la demande des lavandières, afin de les préserver " de la froidure de l'hiver et des intempéries". La particularité de ce lavoir, c'est sa forme d'un ovale parfait.
Le Lavoir Del Théron
C'est le plus ancien des 3 lavoirs de la ville. Dès 1661, la fontaine fit l'objet de réparations, mais la pierre érigée aux armoiries du seigneur marquis de Valence a aujourd'hui disparu. En 1880 il fut carrelé, et en 1906 la toiture fut refaite.
Enfin, en 2003 eut lieu la dernière restauration.
Ce lavoir, ainsi que le précédent, est Inscrit sur la liste supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1977.
Comme son nom l'indique, celui-ci semble rond ! ;-)
Après cette visite, j'ai traversé la Garonne pour rejoindre Auvillar.
Comme les mariniers d'autrefois, j'ai abordé le bourg par le quartier du Port. (mais en voiture !)
Mais je n'ai pas eu à m'acquitter du péage. Ni celui de la batellerie (qui existait déjà avant 1204), ni celui du pont (il n'a duré que 49 ans à partir de 1845, pour amortir les frais de construction).
Le pont avait été construit, à cette date, pour remplacer le bac. Car la Garonne, aux berges instables et à la large plaine inondable fut pendant très longtemps une rivière sans pont : aucun entre Toulouse et Bordeaux, jusqu'au 19ème siècle !
Mais comme la route parallèle au fleuve était impraticable de novembre à juillet (le sol humide et gras est piétiné par les animaux, et elle n'est pas entretenue), la circulation des gens et des marchandises se faisait tout naturellement par le fleuve. Avec des péages, institués par les seigneurs locaux.
En 1789, le port comptait encore 49 familles de bateliers, véritable corporation.
Ils avaient leur devise : "Si vilain sur terre, seigneur sur l'eau je suis".
Leur chapelle, d'époque carolingienne, est dédiée à Sainte Catherine, patronne des gens de la rivière et des philosophes.
J'ai laissé ma voiture au port, et je suis montée à pied par l'ancien chemin du Peyrat. C'est une ancienne voie romaine, trait d'union entre le port et son village, aujourd'hui fréquentée par les pèlerins de St Jacques de Compostelle, qui passe aussi à Auvillar. La côte est rude !
Elle passe devant le lavoir, "Lo putet", qui est alimenté encore de nos jours par un réseau de galeries romaines creusées sous le village. Au 20ème siècle, encore, des Auvillaraises venaient y laver leur linge.
Dans la rue des Nobles, de belles maisons à colombages et encorbellement. Le dernier étage, largement ouvert sur l'extérieur, permettait de stocker le foin et de faire sécher les récoltes.
Ces maisons étaient recouvertes d'un enduit à la chaux qui les protégeait des intempéries et des insectes, et jouait le rôle de retardateur en cas d'incendies.
Je suis ainsi arrivée à la Place de Halle, centre du village.
C'est une place triangulaire bordée de riches demeures des 17 et 18èmes siècles, construites en briques et en pierres.
Un système de couverts appelés "cornières" est aménagé au rez-de chaussée des bâtiments.
Classée Monument Historique depuis 1946, la Halle, ronde, est posée comme un joyau dans son écrin.
Au 13ème siècle, une halle rectangulaire se dressait au milieu de la place. Elle a été remplacée par celle-ci en 1825.
Dans la partie centrale de l'édifice il y a deux types de mesures :
- des mesures à grains, taillées dans la pierre, qui proviennent de la halle primitive du Moyen-âge
- des mesures en métal utilisant le système métrique, qui sont contemporaines de la halle actuelle ... mais dont le fond, totalement rouillé, a disparu !
Depuis la Halle, j'aperçois une belle tour. Allons-y !
C'est la Tour de l'Horloge. Encore un Monument Historique.
A sa place, au moyen-âge, il y avait une des trois portes de la ville. C'était une tour fortifiée, avec un pont-levis. Elle a été remplacée au 17ème par cette élégante tour en pierres et briques, qui héberge maintenant le Musée de la Batellerie : pour tout savoir sur les activités fluviales qui assurèrent la richesse de la cité pendant plusieurs siècles.
Mais juste avant l'Horloge, je bifurque à gauche dans la Rue Obscure. C'est son nom. Sans doute parce qu'elle est très étroite, et que le soleil n'y entre pas. C'est une rue typique du moyen-âge : bombée, recouverte de galets dressés. Il y avait là de nombreuses tavernes. Et on peut y admirer une des plus anciennes maisons à colombages et encorbellement. Elle daterait peut-être du 13ème siècle ...
Et une belle échauguette, accolée au Palais des Consuls.
Encore quelques pas, et j'arrive à l'une des plus belles églises du diocèse de Montauban. Elle aussi Monument Historique, bien sûr.
Sa partie la plus ancienne est du 12ème, mais elle fut agrandie au 14ème. Et, entre les destructions et restaurations successives dues à la guerre de Cent Ans, aux guerres de religion et à la Révolution, elle a été bien modifiée !
On ne peut pas visiter Auvillar sans remarquer la présence du pèlerin de Compostelle. Il nous accompagne dans de nombreuses rues, toujours avec son bâton (le bourdon) et sa coquille. A chacun son style.
Et Maintenant, je vais vous quitter pour rentrer chez moi.
Allez, encore un petit pêle-mêle de photos prises dans la région :