Lundi 11 Novembre
D'une traite et sous la pluie, hier, j'ai rallié le Tarn.
Et ce matin, j'ai retrouvé mes amis Cisteurs à Lavaur, petite cité du pays de Cocagne,au nord de Toulouse.
Située au bord de l'Agout et déjà fortifiée au 11ème siècle, elle a abrité une forte communauté cathare.
Prise en 1211 par Simon de Montfort après un siège d'un mois, 80 chevaliers y furent pendus. Puis ce fut le plus grand bûcher cathare : 400 parfaits et parfaites y périrent brûlés.
Mais les malheurs de la cité ne s'arrêtèrent pas là : 9 ans plus tard la garnison fut exterminée par le successeur de Simon de Montfort, le futur Raymond VII.
Puis, encore 9 ans plus tard, ce sont les fortifications de la ville qui sont détruites sur ordre de Louis IX.
Au 15ème siècle, la ville est décimée par une terrible épidémie de peste.
Au 16ème, Les frères Cordeliers sont martyrisées par les Huguenots.
En 1930, la ville est de nouveau ravagée, par une terrible inondation.
Mais dans cette histoire mouvementée, les Vauréens (et non pas les vauriens) ont tout de même trouvé le temps de construire cette magnifique cathédrale St Alain, en briques roses, et ont réussi à la conserver.
Et c'est juste à côté, dans les Jardins de l'Evêché, que nous nous sommes retrouvés :
Il faut quand même que je vous raconte l'histoire (la légende ?) de son Jacquemart : c'est la statue que vous voyez près de la cloche.
C'était au temps des guerres de religions, à la fin du 16ème siècle, quand catholiques et calvinistes se disputaient les terres de la contrée et que la ville de Lavaur voyait l'exercice du pouvoir passer des uns aux autres.
Un jour, les catholiques se seraient emparés d'un groupe de calvinistes et de leur chef, un nommé Jacques Marc. Amené dans les murs et emprisonné dans la tour de l'horloge, il se serait vu condamné à sonner les heures nuit et jour, en lieu et place du sonneur habituel.
Ayant quelques notions de mécanique, il aurait fabriqué un automate capable de sonner les heures assez régulièrement. Il put ainsi profiter d'une nuit pour s'échapper, sa fuite n'ayant été découverte que bien plus tard, puisque les heures continuaient d'être sonnées.
Pour perpétuer cette invention, l'horloge fut dotée d'un mécanisme plus précis, et le Jacquemart, statue en bois, fut plusieurs fois restauré et même remplacé : je crois qu'en ce moment, c'est le 4ème jacquemart, les autres étant conservés au Musée.
Voulant visiter la cathédrale (pour raison cistique autant que culturelle) nous avons été bien déçus de la trouver fermée, pour travaux de restauration.
Alors j'ai emprunté à internet ces 3 photos qui montrent le célèbre buffet Renaissance polychrome de 1523, du non moins célèbre grand orgue Cavaillé-Coll, et le célèbre portail à trumeau en gothique flamboyant du début 15ème que l'on peut admirer dans le nartex, ancienne entrée de l'église.
A la recherche des cistes cachées dans la ville, nous avons pu en admirer les monuments, et apprendre ainsi l'histoire de Dame Guiraude, châtelaine responsable de la ville, qui fut précipitée vivante dans un puits (en bas à gauche; la scène est peinte sur les portes qui le ferment) lors de la prise de la ville par Simon de Montfort.
Vous voyez comme le ciel est bleu ? C'est une journée magnifique (et unique !).
Après le déjeuner au "Chinois", nous avons exploré les environs : des châteaux, des églises, belvédères, pigeonniers ...
Je ne peux pas tout vous nommer, car il y a des secrets à garder. Rien de tel que de chercher des cistes pour découvrir les beautés secrètes d'une région. Et tout ça dans la bonne humeur et l'amitié.
Mais le soir venu, il faut bien se séparer.
Ce n'est que le lendemain matin, et seule, que j'ai découvert ces deux derniers témoins des temps passés :