Sur la carte de l'article précédent, l'itinéraire du Jour 2 est en violet. Il est en Armagnac, dans le nord du département.
Nous avons commencé par l'Abbaye de Flaran
Fille de l'Escaladieu (Hautes-Pyrénées), fondée en 1151 dans la vallée de la Baïse, l'Abbaye de Flaran, joyau de l'art cistercien, classée Monument Historique, est l'une des mieux préservées du Sud-Ouest de la France.
Les bâtiments monastiques et les jardins situés au cœur d'un parc, dans un environnement naturel préservé en bord de Baïse, présentent une parfaite illustration d'un ensemble cistercien du XII° siècle remanié jusqu'au XVIII° siècle.
Marqué par les vicissitudes historiques, vendu à la Révolution et en danger d'être démantelé avant le premier conflit mondial, le site est racheté par le Département du Gers en 1970 qui y réalise, dès les années 1980, une intense campagne de restauration.
Depuis l’année 2000, l'abbaye de Flaran abrite la Conservation départementale du patrimoine. Ce site développe de nombreuses activités culturelles selon une programmation riche et diversifiée, qui va de l'archéologie à l'art contemporain en passant par la photographie d'auteur et la bande dessinée ...
Commençons notre visite par la partie la plus ancienne, c'est à dire XIIe - XIIIe siècles.
L'église abbatiale
L'église de style roman fut construite de 1180 à 1210. Deux paires d'absidioles encadrent l'abside semi-circulaire qui prolonge un chœur carré et largement éclairé de hautes baies. Un long escalier conduit du transept Nord à l'étage du dortoir des moines. Au chevet de l’église.
La salle capitulaire
Elle est de la fin du XIIe siècle. Elle a neuf croisées d'ogives reposant sur quatre colonnes de marbre, réemplois gallo-romains. C'est un joyau de l'art cistercien.
Le cloître
Gothique, du XIIe au XVe siècle. Il comprend quatre galeries de facture différente. Sa galerie ouest du XIVe siècle se compose de colonnes géminées avec chapiteaux à feuillage et à masques. Les trois autres galeries, du XIIe, détruites pendant la guerre de Cent Ans, datent de 1485.
La cuisine
Elle ne m'inspire pas. Pourtant elle est du XVIIIe et comporte deux cheminées !
Il faisait trop chaud pour aller jusqu'au fond du parc pour voir le jardin des simples, pourtant inscrit MH.
Et nous voilà à Condom, la ville des 3 Mousquetaires ... qui sont 4 en réalité.
Tout le monde connaît le roman d'Alexandre Dumas, Les trois mousquetaires, qui a donné lieu à une statue du sculpteur géorgien Zurab Tsereteli, qui se dresse sur la place Saint-Pierre de Condom depuis son inauguration en 2010. Elle s’impose à tous de par sa taille (2,50m) et son poids (5,5 tonnes).
La scène représente le moment où ils scellent leur devise : un pour tous et tous pour un, à la pointe de leur rapière.
Saurez-vous reconnaître l’identité de chaque mousquetaire ?
La solution est en sortant du cloître ...
En attendant nous entrons dans la fameuse cathédrale Saint Pierre.
Telle «un vaisseau de pierre dorée aux profonds contreforts», elle donne l'aspect, vue de loin, d'une église forteresse. Elle domine la ville de Condom et regarde, à ses pieds couler la Baïse.
La cathédrale St Pierre a été élevée au début du XVIèmes siècle sur l’emplacement d’une ancienne église abbatiale (XIème siècle) également dédiée à St Pierre. Elle eut comme évêque Bossuet.
Elle aurait sûrement été rasée en 1569 par les bandes de Montgomery, chef protestant et iconoclaste, si les habitants ne s’étaient pas cotisés pour la sauver, moyennant paiement de 30 000 livres de rançon.
Son chœur du XIXe siècle est inspiré de la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi et a remplacé l’ancien chœur détruit à la révolution. L’ouvrage, dont le socle est en pierre, est composé de stuc pour sa partie haute.
En arrière du chœur s’ouvre une chapelle axiale gothique à cinq pans, dédiée à la vierge, qui paraît être un vestige de l'abbatiale du XIVe siècle et fût conservée et intégrée lors de la construction de la cathédrale.
Sur le flanc nord, un vaste cloître aux voûtes gothiques, très éprouvé par les guerres de religion, mais bien restauré, dessert les bâtiments de l’ancien évêché, maintenant occupés par l'hôtel de ville.
Je n'oublie pas la solution de mes devinettes ... mais il va falloir vous tordre le cou !
Changeons de sujet !
Notre prochaine visite, ce sera pour Larressingle, qui dresse ses remparts au milieu des vignes. Regroupées autour du château-donjon et de son église à deux nefs, les maisons en pierre dorée y ont conservé fenêtres à meneaux et portes arquées. Un site idéal pour apprécier le charme et la gastronomie gersoise ... ce que nous avons fait.
Pourquoi ces fortifications ?
Au XIIIe siècle, la couronne de France et d'Angleterre se disputent l'Aquitaine. On voit alors dans la région, les bourgs se fortifier (Sauvetés, Bastides). Ce sont les abbés de Condom, à qui appartenait le bourg, qui font réaliser cette forteresse. Le cartulaire attribue la fin de la construction des tours à l'avant-dernier abbé de Condom, dans la seconde moitié du XIIIe siècle.
Vous aimez l'histoire ? Celle, mouvementée, de ce petit bourg fortifié est bien documentée dans la section HISTOIRE de l'article de Wikipédia qui lui est consacré.
Dès l’extérieur, le ton est donné : tout est là ! Fossé, pont-levis, rempart, tours de guets, etc. vous accueillent dans cette plus petite cité fortifiée de France où le temps est suspendu. L’intérieur, intimiste, se découvre à pied. Ses jolies maisons hébergent des boutiques tandis que le cœur du village est occupé par l’impressionnant château (privé) des anciens seigneurs des lieux : les abbés puis évêques de Condom.
Son église vaut aussi le détour : la pureté de son architecture romane et ses vitraux modernes distillent ici une atmosphère sereine.
Cependant, Larressingle ne se limite pas qu’au temps des preux chevaliers. Menacée de ruines, son sauvetage à partir des années 1920 est digne d’un passionnant feuilleton. La cité doit sa résurrection à la ténacité du français Édouard Mortier conjugué au soutien de mécènes bostoniens.
A quelques enjambées de Larressingle, nous avons fait un détour pour aller découvrir le Pont d’Artigues, enjambant la rivière de l’Osse. Situé sur le GR 65, il fait partie des 71 monuments inscrits sur la Liste du Patrimoine Mondial Unesco au titre du bien culturel « Les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle ». Si l’édifice actuel présente des caractéristiques du 18ème siècle, ses origines s’inscrivent dans une histoire beaucoup plus ancienne. Malmenés par les ans, le pont et ses abords ont fait l’objet d’un ambitieux programme de restauration et de mise en valeur bénéficiant aux randonneurs pèlerins et aux visiteurs de passage. Car la rivière n'est pas toujours à ce bas niveau. Regardez la trace de boue sur le côté du pont ...
Puis nous partons pour Montréal. Pas au Canada, mais dans le Gers.
Montréal-du-Gers.
Montréal-du-Gers est une bastide royale du XIIIe siècle. La première bastide gasconne. Son acte de fondation est de 1255. La bastide se trouve sur les terres d’Alphonse de Poitiers, le frère du Roi Saint-Louis. Elle est particulièrement touchée par la Guerre de Cent ans car elle se trouve sur la ligne de front entre l’Angleterre et la France. Elle passera donc d’une couronne à l’autre pendant de nombreuses années. Puis elle fut incendiée durant les Guerres de Religion. Enfin, ce qu’il restait de ses fortifications sont abattues lors de la Révolution.
Selon un plan quadrillé, les rues mènent à la place centrale aux arcades du XIIe siècle, et aux maisons à pans de bois, où l'on découvre l'église gothique en partie fortifiée.
Montréal-du-Gers est construit sur un oppidum gallo-romain, situé sur une colline, dans la vallée de l’Auzoue. Il ne reste que peu de traces de cette époque. Mais pour découvrir les vestiges gallo-romains de Montréal-du-Gers, nous nous rendons à la Villa de Seviac. On peut y admirer de fabuleuses mosaïques sur une surface de 625 m² et déambuler dans ses anciens thermes.
QU'EST-CE-QU'UNE VILLA GALLO-ROMAINE?
Les villas romaines ont été décrites par les auteurs latins comme étant à la fois des résidences rurales et des grandes exploitations agricoles. Les élites de l’époque, dont la richesse se mesure à l’importance de leur patrimoine foncier, alternent les séjours dans leurs villas à la campagne et les séjours en ville dans leur domus.
En fait, ça n'a pas beaucoup changé !
Les fouilles y ont dégagé une luxueuse villa gallo-romaine de l’Antiquité tardive, aménagée dans la seconde moitié du IVe siècle sur une villa plus ancienne. Elle était située au cœur d’un ensemble agricole et viticole qui a pu atteindre 300 hectares. D’une surface de 6500m², cette villa est aujourd’hui considérée comme l’une des plus vastes résidences du sud-ouest de la Gaule. Elle se distingue par son exceptionnel ensemble de mosaïques et par ses vastes thermes.
Les mosaïques découvertes sur le site ne constituent qu’une partie du décor original. Si elles couvrent aujourd’hui 625m², elles devaient probablement, d'après les spécialistes, orner la villa sur près de 1500m² dans la première moitié du Ve siècle.
En voici quelques exemples :
L'après-midi tire à sa fin, la fatigue se fait sentir. Notre dernière visite sera Fourcès, agréable étape rafraîchie par la rivière et l'ombre des platanes.
Construit autour d'un château, remplacé aujourd'hui par une place ombragée de platanes, Fourcès est une originale bastide ronde dont les maisons créent un décor théâtral de colombages et d'arcades. C'est sur cette photo hivernale tirée d'internet que l'on s'en rend le mieux compte.
C'est une petite cité idéale pour la flânerie, au bord de l'eau, dans les ruelles, dans le parc ou sous les fraîches arcades ...