Pas de grand voyage, cette année ! Inutile d'aller chercher la pluie ailleurs, comme l'été dernier en Irlande : nous l'avons eu à domicile ...
Voici donc "un p'tit tour dans le Gers", où j'ai passé 4 jours avec ma sœur Colette à visiter bastides, castelnau, jardins, abbayes et églises.
Chez moi, c'est plutôt au sud du Gers (ici on prononce le S : c'est le Gerse). Je compte donc le traverser pour aller vers le nord, l'Armagnac. Voici une petite carte pour vous repérer. Aujourd'hui, l'itinéraire est en orange, dans le sud.
Le fil orange démarre en Astarac. Une belle région vallonnée parsemée de petits lacs, plutôt réservés à l'irrigation ou à des réserves ornithologiques.
C'est en suivant des petites routes que nous arrivons au Mémorial du Maquis de Meilhan.
C’est à 3 kilomètres de Meilhan (très exactement sur la commune de Villefranche d’Astarac) qu’a été érigé en 1949 un site mémoriel pour honorer le souvenir de 76 Résistants massacrés par les troupes nazies le 7 juillet 1944.
Situé sur les lieux même des combats, le site est composé de plusieurs parties. Autour des tombes des maquisards, s’élève une tour ainsi qu’un mur commémoratif qui évoquent la bataille et les exécutions. Des vestiges des combats s’offrent à la vue du visiteur (ruines, véhicules calcinés). Des objets sont également entreposés dans un petit bâtiment de pierre attenant. C'est un lieu très émouvant.
A quelques kilomètres nous croisons la ROUTE DES PEINTURES MURALES EN ASTARAC.
C'est un circuit de 82 km qui se promène d'église en église à la découverte des peintures murales et des sculptures du sud du Gers. Elles concernent des édifices religieux du 12e au 19e siècle. Cette tradition picturale remonte aux alentours du 14e et 16e siècle. Nous visiterons 2 églises à l'aller, et 4 au retour.
Mais la première est très surprenante par son extérieur : de loin, nous pensions que c'était un château. Bizarre, il n'est indiqué nulle part ... La voici, de loin :
Mais de près, c'est bien une église. Et quelle église ! Il nous a bien fallu une heure de visite pour tout y admirer ... et encore !
La tradition attribue la fondation de l'abbaye de Simorre à Clovis qui aurait voulu ainsi honorer saint Cérats, évangélisateur du pays au Ve siècle, à l'emplacement d'un oratoire qu'il aurait construit. Beaucoup de vicissitudes et de siècles plus tard, c'est après un incendie de la ville qui se produisit en 1141 que les moines cédèrent aux habitants des terres à proximité de l'abbaye pour reconstruire leurs habitations. Cette nouvelle ville a alors été entourée d'une enceinte et d'un fossé. L'abbatiale a servi d'église paroissiale à partir de cette date.
L'abbaye étant devenue prospère à partir du XIIIe siècle, les abbés purent alors entreprendre la construction de l'église existante. L'abbaye n'a pas eu trop à souffrir de la guerre de Cent Ans et des guerres de Religion, époque où les protestants assiégèrent la ville en 1573 sans pouvoir la prendre. C'est la Révolution qui va entraîner la vente des bâtiments conventuels et leur démolition. De l'abbaye elle-même, il ne reste que ce chapiteau, daté d'environ 1100. De très belle facture, il nous dit que rien n'était trop beau pour l'abbaye de Simorre.
Au XIXe siècle, Violet le Duc entreprend la restauration de l'édifice, modifiant son aspect extérieur qui s'est transformé en église fortifiée.
Construite sur une forme de croix latine, elle possède, à la croisée de la nef et du transept, une tour octogonale qui aurait dû être un clocher, à l'instar de la cathédrale de Lombez. La nef n'a que deux travées et demi, terminée par un mur de pierre. La quasi totalité de l'édifice est en brique rose.
Les vitraux sont remarquables par leur ancienneté, leurs couleurs et leurs dessins (XIVe, XVe, XVIe).
Dans le sacraire, qui sert actuellement de sacristie, ont été, lors de travaux de restauration, découvertes en 1964 de très belles peintures murales du XIVe siècle .
On peut aujourd'hui y admirer de nombreux objets du culte, simples ou fastueux du XVIIe, XVIIIe siècle.
4 statues sont à admirer : piéta en bois du début VIIIe, piéta en pierre du VIIe, la statue de St Cérats du XVe et une croix de procession du XIVe siècle. Et pour le visiteur, chaque objet est fort joliment expliqué :
Les stalles du XVIe ont de très beaux et émouvants détails sculptés, en particulier aux jouées (c'est à dire les panneaux extérieurs d'une série de stalles ou ceux marquant un passage entre ces dernières. Elles sont toutes occupées par une scène placée sous un arc trilobé).
En sortant de l'église, nous avons visité quelques rues de ce village pittoresque et paisible.
Mais si voulez, sur votre écran, le visiter comme si vous y étiez, je vous conseille la page 184 du blog de Patrick Garcia, ci-dessous, et aussi le site très bien documenté de la Mairie de Simorre.
Quant à nous, il ne nous a fallu que quelques kilomètres pour aller pique-niquer à Faget-Abbatial, sur une place de la mairie délicieusement vintage, avec vue sur l'église de l'autre côté :
C'est l'ancienne abbatiale Saint-Sauveur. Sous des dehors modestes aujourd’hui, l’église de Faget est le vestige d’une abbaye parmi les plus anciennes de France, fondée dès le VIIIe siècle. Son existence est, en effet, citée dans les actes d’un concile tenu à Aix-la-Chapelle en 817. Après quatre ou cinq siècles d’existence indépendante, l’abbaye de Faget (altum fagetum, «la haute hêtraie») fut unie vers 1230 au chapitre cathédral d’Auch, qui la posséda jusqu’à la Révolution. Par cette union, l’abbaye disparut en tant que telle (il n’y eut plus d’autres moines qu’un collège de chanoines, qui n’y résidèrent plus après le XVIe s., et un abbé, choisi au sein du chapitre d’Auch), ce qui explique que les bâtiments claustraux aient peu à peu disparu, à l’exception de l’église et du logis abbatial, situé non loin de là, sur le coteau.
De ce monastère ne subsiste aujourd’hui qu’un mur.
Les vestiges ainsi que les cimetières et les abords sont inscrits à l’inventaire des Monuments Historiques depuis 1943.
Une tour-clocher du XII° siècle, crénelée et percée de meurtrières, est coiffée par un toit et une flèche pyramidale ornée d’une crosse d’abbé. Ceci prouve qu’il s’agit bien d’une église abbatiale. Elle précède l’église à l’ouest. Dans sa base se trouve l’entrée. C’est un porche voûté en berceau brisé, plutôt du XIIIe s.
L’ancienne église abbatiale St-Sauveur, en l’honneur de la Glorieuse Transfiguration, deviendra l’église paroissiale en 1738. Celle-ci est fêtée le 6 août depuis lors. Autrefois on y bénissait des cordons que l’on distribuait aux femmes enceintes pour éviter les fausses-couches.
L'intérieur est sobre. Le mobilier est assez réduit, mais conserve encore une série de 9 stalles à haut dossier du XVe, évocatrices des anciens chanoines, et, contre le mur nord, l’ancien maître-autel, tout en dorures, dédié au Sauveur, toujours du XVIIIe. (ISMH). Le maître-autel actuel est un ouvrage néo-roman de la fin du XIXe siècle, dont le bas est en céramique, comme plusieurs statues et bénitier dans cette église. On peut remarquer une grille de chœur très ouvragée.
L'église, classée MH, est modeste, mais la halte fort agréable dans un cadre naturel verdoyant.
Et nous repartons, toujours vers le nord.
Cette fois-ci l'étape est plus longue. Nous ne nous arrêtons pas à Auch, dont nous connaissons déjà la remarquable cathédrale Sainte Marie, mais nous poursuivons jusqu'à :
Lavardens,
classé parmi les plus beaux villages de France, et son château.
Dans l’ancienne Gascogne, le « castelnau » est un bourg castral, c’est-à-dire construit autour d’un château fortifié. Ce terme désigne un « castel », un château, « nau », nouveau. Ces « nouveaux châteaux », apparaissent lors de la période de fortification des mottes féodales du XIIe siècle. Les forteresses de pierre remplacent ainsi les palissades de bois, entourant la ou les tours de guet, érigées au sommet de la colline, qui protégeaient les paysans jusqu’alors.
Ainsi, Lavardens est un castelnau.
Et nous voilà parties dans la visite du village, empruntant les carrelots qui se présentent, un peu au hasard, montant ou descendant.
Au passage, nous visitons l'église. Son clocher est constitué par le donjon du château primitif du XIIIe siècle, surélevé au XVIIe, en même temps qu'est crée le porche, en gothique tardif. Et la grosse cloche, le bourdon, dédié à Saint Michel patron de l'église, sonne toujours l'angélus à 7 heures, midi et 19 heures depuis ... 527 ans cette année !
Les très belles mosaïques du tympan du portail et de la niche des fonts baptismaux sont l'œuvre d'un Hollandais ami du curé, dans les années 1950.
C'est un château du XIIe siècle. Résidence des Comtes d’Armagnac, la Forteresse de Lavardens est construite à leur apogée. Elle est brièvement considérée comme une capitale militaire et résiste à quelques assauts des rois de France et de ceux d’Angleterre. Mais, hélas, elle sera également victime de leur déclin. Son entrée dans le domaine royal au 15e siècle sonnera le glas de cette période faste. Le château fort est abandonné.
Ce n’est qu’au XVIIe siècle, qu’un compagnon d’armes d’Henri IV, Antoine de Roquelaure, obtiendra du roi ses ruines et ses terres… Il va le restaurer par amour, non de ses vieilles pierres, mais d’une belle et jeune épousée, Suzanne de Bassabat, qu’il veut combler d’une somptueuse demeure.
En 1653, la peste sévit à Lavardens et chasse les ouvriers, si bien que l’étage supérieur du château reste inachevé. Si Antoine de Roquelaure meurt avant d’avoir accompli totalement sa tâche, le château est tout de même sauvé.
A partir de 1752, le château passe entre différentes mains. Le Marquis des Pins devient propriétaire de l’édifice au XVIIIe siècle. A son décès, les enfants de Pins ne trouvent pas repreneur, le château ayant entre-temps été achevé puis vidé de son mobilier en 1793.
Fin XIXe, douze familles se partagent l’ensemble de l’édifice en copropriété et faute d’entretien il tombe en ruine. Finalement sa couverture s’effondre et la nature y reprend ses droits.
En 1957, un particulier prend l’initiative de changer le destin du Château, classé Monument Historique en 1961. C’est une association qui lui redonnera vie et le restaure depuis 1970. C’est aujourd’hui un site touristique, un lieu de manifestation culturelle et d’exposition artistique.
A travers les expositions d'art contemporain, dont certaines sont époustouflantes, nous avons admiré principalement ... les pavements ! L'édifice comporte 17 salles aux pavements différents, dont la grande galerie. Sur cette maquette, vous voyez ceux de l'étage noble.
Et voilà une journée bien remplie !
A la semaine prochaine, pour le deuxième épisode, c'est à dire la deuxième journée :