Retour sur "la Diagonale Médiévale" : 1 Lavaudieu

Nous voilà en transit, du Pays des Volcans vers un petit camping familial situé en Haute-Ardèche.

En plus de traverser de magnifiques paysages, nous faisons une halte à Lavaudieu, vieux village anciennement fortifié, baigné par les eaux claires de la Senouire dont les bords nous ont accueillis pour notre pique-nique.

Mais notre but était en fait de visiter les restes de l'abbaye, construite en 1057 par Saint Robert, fondateur de La Chaise-Dieu, et où vécurent des bénédictines jusqu'à la Révolution.

Avant d'atteindre l'église, en voici le clocher, dont la flèche a été tronquée en 1793, pour supprimer tout ce qui n'est pas égalitaire.

L'ancienne église abbatiale Saint-André recèle aussi un remarquable ensemble de peintures murales de l’Ecole Italienne (XIVe s) : scènes de la Passion, unique et très curieuse allégorie de la Mort Noire, personnifiant la Peste. La position haute de ce cycle de peintures vient de la présence de tribunes en bois qui ont aujourd'hui disparu. Une inscription donne la date de 1315.

J'ai aussi bien aimé quelques statues polychromes du 17ème : St Antoine, St Sébastien, un moine, une piéta et plusieurs autres ...

Et puis ce groupe en déploration !

Mais nous entrons maintenant dans le cloître, par une belle porte du 15ème en accolade.

C'est le seul cloître conservé dans toute l'Auvergne romane !

Lorsque en 1792, l'abbaye est vendue comme bien national, elle est alors décomposée en plusieurs lots vendus à des agriculteurs qui transforment le cloître en bâtiment de ferme. Le côté ouest du cloître est modifié pour permettre la stabulation des vaches et le passage des charrettes. Les négociations, commencées en 1862, pour racheter, en vue de sauver et restaurer certaines parties l'abbaye, ont duré jusqu'à nos jours.

C'est un cloître du 12ème siècle, relativement petit : 15 m X 23m, à 2 niveaux, mais d'une grande harmonie. Les galeries basses comptent 31 arcs en plein cintre, soutenus par des colonnettes simples ou doubles. Les fûts sont tantôt lisses, tantôt ornés de chevrons, hélice, cannelures ou rubans. Les chapiteaux sont variés, généralement à feuillages, montrant parfois des masques ou des figures trapues avec de grosses têtes rondes.

Vous reconnaîtrez forcément l'ange bénissant (symbole du bien).

Les galeries supérieures sont rythmées de poteaux de chêne. Elles devaient primitivement accueillir les cellules des religieuses.

La salle capitulaire s'ouvre par 3 baies en plein cintre. C'est aujourd'hui la sacristie.

Le réfectoire date de la 2ème moitié du 12ème siècle. Il surplombe de 15 mètres le ravin abrupt de la Senouire. Après la Révolution, il servit d'étable et de grange.

Les trois niches grillagées communiquaient avec la cuisine, aujourd'hui disparue, et servaient de passe-plat. Au-dessus, Dieu le Père, en bois polychrome, est du 17ème.

Un beau Christ roman du 12ème, un grand dais gothique orné de peinture, un évêque ...

Mais surtout, une importante fresque, la plus grande d'Auvergne (7m X 8m).

En haut, un Christ colossal en majesté dans un arc-en-ciel.

En bas, plus étonnant, la Vierge en majesté, couronnée, assise sur un trône, présentée par 2 anges et présidant le collège des apôtres !

Pour regagner la voiture, une petite promenade dans les ruelles du village ...

Et pour la suite, je vous ferai visiter (enfin) : Le Puy-en-Velay.