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6 septembre 2020 7 06 /09 /septembre /2020 17:31

Une petite semaine de vacances en Fenouillèdes avec mes "petits Suisses"

Pour bien commencer, un peu de farniente au bord d'une rivière, pour nous tous seuls.

Je vous laisse en imaginer la fraîcheur, par ce temps de canicule ...

En Fenouillèdes, la vie de châteaux !

Mais nous passons ensuite aux choses sérieuses : balade de dolmen en dolmen et découverte du Pont-Aqueduc "romain" d' Ansignan.

En Fenouillèdes, la vie de châteaux !

L'origine et l'histoire de ce pont-aqueduc sont incertaines. Un pont aurait été construit durant ou avant l'époque romaine (d'où son nom). La voie romaine est bien attestée. La mairie d'Ansignan indique que les moellons des arches sont datés entre 220 et 270 de notre ère.

Par la suite un aqueduc fut construit au-dessus du pont initial au 9ème siècle,  transformant le chemin en tunnel. Ce dernier ouvrage fut remanié à de nombreuses reprises, notamment aux 13 et 14èmes siècles, allongeant l'édifice jusqu'à ses dimensions contemporaines (170 mètres et 29 arches, de tailles croissantes lorsqu'elles se rapprochent du fleuve. Les deux plus grandes enjambent le lit de l'Agly).

Aujourd'hui, aucune découverte archéologique significative ne permet d'expliquer la présence de cet imposant édifice dans sa forme actuelle. Mais celui-ci est toujours en service et permet l'irrigation des cultures du village d'Ansignan, sur la rive opposée de l'Agly, et de pont-tunnel pour le traverser.

 

En Fenouillèdes, la vie de châteaux !

Autre site proche et incontournable : les Gorges de Galamus.

Prenant sa source à Camps sur Agly, les eaux de l’Agly, rivière des Aigles, ont creusé cet impressionnant canyon sur une hauteur de plusieurs centaines de mètres (environ 500 mètres).

Témoignage des prouesses et des ambitions humaines, la route a été construite à la fin du XIXème siècle, taillée dans la roche à la barre à mine (dont on peut encore remarquer les coups dans la roche) par une poignée d’ouvriers suspendus à des cordes. Au-delà des raisons économiques  invoquées pour une telle entreprise – faciliter les échanges de marchandises sur les foires de St Paul de Fenouillet (légumes, bois et céréales, contre vins et huiles) seuls débouchés de nombreux villages des Corbières – il s’agissait également de répondre à un défi que ces Gorges, comme un bout du monde, lançaient à l’homme. La route fut terminée en 1892 par le tunnel à l’entrée des Gorges côté St Paul de Fenouillet.

Depuis 2003, la circulation automobile y est très règlementée, car on en était arrivés à ce paradoxe que, pour emprunter ce raccourci, on pouvait mettre jusqu'à 3 heures au lieu des 10 minutes nécessaires. A visiter à pied, donc, ou en navette électrique.

En Fenouillèdes, la vie de châteaux !

L'Ermitage Saint Antoine

Depuis le parking du Belvédère, on aperçoit, comme serti dans la falaise, l'ermitage St Antoine où se cache une grotte-chapelle. Les ermites seraient venus s'installer dans les grottes naturelles de Galamus dès le VII° siècle. Ils placèrent le site sous la protection de Saint Antoine Le Grand, patriarche des moines du désert. Progressivement, ils construisirent des bâtiments. De 1482 à 1560, il est confié aux franciscains et en 1791, devenu bien national, il est vendu aux enchères publiques.

En 1782, les habitants de Saint-Paul-de-Fenouillet furent touchés par une épidémie de Suette (gangrène qui fait beaucoup transpirer), dont ils auraient été sauvés par Saint-Antoine. Ce serait l'origine des processions de Pâques et Pentecôte qui s'y déroulent.

Les ermites se seraient succédé à Galamus jusque vers 1930. Un temps transformé en gîte d'étape (je le sais parce que j'y ai dormi il y a bien longtemps) il est maintenant la proie des touristes.

 

 

En Fenouillèdes, la vie de châteaux !

Et on ne peut pas s'empêcher d'être surpris par cet énorme platane qui pousse ici, à l'abri dans la cour, les pieds dans la roche ...

 

Et nous entrons en Pays Cathare !

Notre première visite est pour le Château de Peyrepertuse

Il est la « citadelle du vertige » par excellence. Epousant sa falaise de calcaire, la forteresse de Peyrepertuse s’étend sur 300 mètres environ ! Elle culmine à 800 mètres, au-dessus du village de Duilhac, dominant un paysage exceptionnel.

En Fenouillèdes, la vie de châteaux !

Occupé depuis l’Antiquité, le site de Peyrepertuse accueillit d’abord un petit ensemble fortifié. La forteresse est mentionnée pour la première fois en 1020 dans le testament de Bernard Taillefer, comte de Besalù, petit territoire catalan. Elle appartient à partir de 1162 à la ligne de défense du royaume d’Aragon face aux seigneurs occitans. Elle ne joue pas un grand rôle pendant la Croisade contre les Albigeois, mais son destin s’y inverse. Elle devient en 1240 possession du roi de France, qui en fait une pièce maîtresse de sa ligne de défense face à l’Aragon. Louis IX et ses successeurs veulent ici affirmer toute leur puissance. Les « maîtres des œuvres du roi » réalisent un chef d’œuvre d’innovation et d’adaptation au relief : c’est un fleuron de l’architecture militaire médiévale qui, à la fin du XIIIème siècle, défie fièrement le royaume d'Aragon. Son intérêt stratégique disparaît avec le traité des Pyrénées en 1659, mais jusqu'à la Révolution quelques hommes veillent sur ce beau vaisseau devenu fantôme…

En Fenouillèdes, la vie de châteaux !

Un premier château féodal comprenant un ouvrage défensif et une église datent du XIIe siècle. C'est l'enceinte basse, en forme de triangle : de hautes et fortes murailles et deux tours attendent l'ennemi. Partout les archères jouent sur les formes pour rendre plus efficace le tir des arbalètes.

Dans sa cour fermée se trouve le Donjon Vieux, partie la plus ancienne du château, défendue par une poterne.

La chapelle romane Sainte Marie garde quant à elle le souvenir des secrètes prières de Dona Soria, la maîtresse de Du Guesclin, prisonnier des espagnols pendant la Guerre de Cent ans.

En Fenouillèdes, la vie de châteaux !

Après la Croisade des Barons, suivie par la croisade royale en 1226, le château de Peyrepertuse deviendra Forteresse Royale en 1258 lors du Traité de Corbeil.  

En 1242 Louis IX (Saint Louis) ordonne la réalisation d’un escalier taillé dans le roc. Ses 60 marches ont été taillées en bord de falaise. Impressionnant !

En Fenouillèdes, la vie de châteaux !

Le Donjon San Jordi est le point culminant de la forteresse, et permet de découvrir l'ensemble du Château. Juché sur cet à pic, à 800 m d'altitude, l'œil embrasse un paysage qui va de Bugarach à la Méditerranée.

En Fenouillèdes, la vie de châteaux !

Il fait chaud ! Mais il est facile, ici, de se rafraîchir :

Aux abords du village de Duilhac-sous-Peyrepertuse, après une petite escapade sur une route bordée de vignes, les gorges du Verdouble, dites "Les Cascades", nous offrent un spectacle rafraîchissant dans un cadre pittoresque. La rivière du Verdouble s'est taillée un chemin dans les calcaires du crétacé du massif de l'Anayrac en une impressionnante gorge bordée de romarins. Une eau transparente s'y écoule par une succession de cascades, de marmites et de petits lacs naturels creusés dans le rocher.

En Fenouillèdes, la vie de châteaux !

Et on continue la tournée des châteaux. Celui de Quéribus n'est pas bien loin.

En Fenouillèdes, la vie de châteaux !

Pour la visite, vous pouvez cliquer sur ce lien :

Après les citadelles du vertige, voici deux modestes châteaux qui se font vis à vis :

à Fenouillet, le Castel Saint Pierre et la Tour Sabarda.

Un peu d'histoire :

La vicomté du Fenouillèdes , excentrée par rapport aux principales zones de combat ne fut pas directement touchée par les croisades . Par contre après l'échec de la révolte des seigneurs occitans (1240) , puis la chute de Montségur (1244) la vicomté fut une terre d'accueil pour les cathares pourchassés . Le château de Fenouillet est le seul château du Fenouillèdes qui a servi de refuge aux cathares sans être réaménagé par l'armée française lors de son indexation.
On retrouve ainsi, lors de la visite du site, le château tel qu'il était au XIIIème siècle. Regardez la projection sur la petite photo du milieu !

Le château de Saint-Pierre est un site exemplaire construit sur le modèle d'un vrai castrum occitan : le logis du seigneur et le village étaient entourés d'une enceinte de protection . Toutes les classes sociales se côtoyaient ce qui favorisait l'expansion rapide des échanges socio-culturels et religieux .

En Fenouillèdes, la vie de châteaux !

 Le Château de Sabarda est édifié sur un rocher au sud du castrum de Fenouillet. Il contrôle toutes les voies de communication venant de l'ouest, de l'est et du sud .

Il n'y a pas énormément de choses à dire sur le château de Sabarda. Il s'agit d'une place-forte de soutien à la défense du château St Pierre, siège de la baronnie de Fenouillet, dont la famille a eu une grande influence entre les Xe et XIVe siècle dans l'histoire locale.

Sabarda était une haute construction, aux murs appareillés de façon simple, peu épais en comparaison des châteaux de la même époque. Il était doté de plusieurs tours de formes circulaires et sa porte d'entrée est relativement grande.

Attention : une photo-mystère s'est glissée dans ma composition. Saurez-vous trouver la solution ?

Attention : une photo-mystère s'est glissée dans ma composition. Saurez-vous trouver la solution ?

Mais il fait chaud, sur ces hauteurs ! Allons vite nous rafraîchir en bas du village de Fenouillet, dans les Gorges de Saint Jaume.

C'est la balade idéale par temps de canicule : un défilé impressionnant creusé dans la roche. Sur une portion du GR36 remarquablement pittoresque, le sentier emprunte des passerelles, s’immerge dans la fraîcheur d’une forêt, passe aux abords d’une belle cascade ...

 

En Fenouillèdes, la vie de châteaux !

Mais la semaine de vacances s'achève. Comme nous ne sommes pas encore lassés de ces châteaux si différents, qui offrent de belles balades, de beaux paysages et de belles histoires, nous choisissons le Château de Puilaurens.

Et il faut se le gagner, celui-là !

En plus d'un chemin d'accès long et pentu, il est défendu par un escalier fortifié, en chicanes, qui ne laissait pas beaucoup de chances à l'ennemi ! Vous le voyez sur ces photos aériennes d'internet :

En Fenouillèdes, la vie de châteaux !

Citadelle du Vertige perchée à 697m sur son éperon rocheux, le Mont Ardu (le bien nommé !), le Château de Puilaurens est un remarquable exemple d’architecture militaire.

Au Xème siècle, l’abbaye Saint-Michel-de-Cuxa reçoit en don la vallée de la Boulzane. Elle y fonde l’église Saint-Laurent, associée à un ouvrage fortifié. Elle garde le contrôle de ce castrum de       «  Puèg Laurenç »,  Puilaurens en français, jusqu'au moment de la Croisade contre les Albigeois. Pendant cette période, le château accueille seigneurs faidits et hérétiques. Le village, alors accroché au flanc de la montagne tout près du château, joue aussi son rôle… c’est, avec Quéribus, un dernier refuge.

Vers 1250, le château passe aux mains de la royauté française. En 1255, Louis IX ordonne de fortifier le château. Tour à bossage, chicanes… à la puissance des murailles, s’ajoutent des défenses actives pour faire face à l’Aragon. Ce sont ces travaux qui inaugurent l'aspect du château tel qu'on le connait aujourd'hui. Il passe au rang des forteresses de défense face à l'Aragon.

Ce château si bien armé reste une base-arrière, un simple point d’appui, éloigné des combats qui font rage dès le milieu du XIVème siècle. Puilaurens n’est pris qu’une seule fois, en 1637. De retour dans le giron français, la forteresse continue d’être améliorée et sa garnison est entretenue jusqu’à la Révolution.

 

Passée la porte à assommoir, la cour principale se dévoile. Le mur d’enceinte et ses créneaux et merlons, les tours ouvertes à la gorge sont chargés d’histoire.

En Fenouillèdes, la vie de châteaux !

C’est l’une des forteresses royales les mieux conservées, en même temps que le lieu d’une légende tenace… 

Celle-ci rapporte que la Dame Blanche, Blanche de Bourbon, petite nièce de Philippe le Bel, vient pendant les pâles nuits, promener ses vaporeux voiles sur le chemin de ronde des remparts démantelés.

Son histoire ?

Elle s’arrête à Puilaurens en 1353, alors qu’elle fait route pour l’Espagne, pour épouser son fiancé le roi de Castille. On sait que plus tard, son mari lui en fera baver : d’ailleurs, son surnom, c’est Pierre le Cruel ! Il la fait empoisonner en 1361. Elle a seulement 22 ans...............                  .............Et depuis, on dit que son fantôme hante Puilaurens.

Une tour circulaire à bossages, qui surplombe les chicanes de plusieurs dizaines de mètres, porte d'ailleurs son nom : la Tour de la Dame Blanche. On y voit une fenêtre à coussièges (bancs de pierre) qui surveille le chemin, et une belle salle voûtée d'ogives, dite salle Saint Louis. Elle est pourvue d'un rare dispositif : un conduit porte-voix creusé dans la paroi, qui permettait de se parler avec l'étage au-dessus.

En Fenouillèdes, la vie de châteaux !

Au fond de la cour, une poterne mène au point de vue. Le panorama est à couper le souffle. A la manière d’un guetteur de l’époque, cette vue aérienne permet d’épier la vallée en contrebas : village, montagnes, forêts, rochers et falaises composent ce décor incroyable.

En Fenouillèdes, la vie de châteaux !

Voilà, les vacances sont finies. Celles-là, oui, mais il y en aura d'autres ...

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commentaires

A
Qu'est-ce que les enfants ont grandi !!!!
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  • : scandinadream.over-blog.com
  • : passer du rêve à la réalité. J'ai commencé par 5 mois de voyage en solitaire, en Trafic aménagé, au hasard des routes d'Europe du Nord (pour mon premier voyage) puis d'Europe Centrale, et maintenant sur des itinéraires peu fréquentés d'Espagne.
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